La Chaire internationale de Criminologie 2021 se tiendra du 19 au 22 avril 2021. Pour cette édition, elle sera animée par Grégory Salle (CNRS, Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques) sur le thème « CRIMINALITÉ ENVIRONNEMENTALE ET GESTION DIFFÉRENTIELLE DES ILLÉGALISMES ».
Qu’est-ce la « criminalité environnementale » ? La question n’appelle ici ni affirmation ontologique, ni réponse platement factuelle désignant, par exemple, le trafic d’espèces sauvages, l’extraction illégale de matériaux rares ou la contrebande de substances toxiques. En formulant l’interrogation en ces termes, il s’agit au contraire d’instiller le doute, de susciter de l’incertitude, et ce au-delà du seul niveau descriptif. Ce n’est pas seulement l’ampleur ou les formes du phénomène qui sont en jeu, mais la définition même de ce qui se présente comme « délinquance » ou comme « criminalité » en matière environnementale. Ce que de tels vocables recouvrent est en effet ambigu, arbitraire, objet de rapports de force matériels et symboliques, bref : problématique. À l’écart du légalisme, nous prendrons pour objet – et non pour point de départ – les catégories officielles, en particulier celles produites par les institutions internationales, afin de problématiser les opérations de délimitation, de hiérarchisation, de qualification par lesquelles certaines atteintes à l’environnement sont définies comme des infractions, éventuellement passibles de sanctions lourdes, et d’autres non. La séparation entre ce qui est admissible ou répréhensible ne va nullement de soi. Comment est fixée la limite entre les pollutions ou les dégradations légitimes et illégitimes ? Qui trace cette limite et ainsi fait « la part des choses » ? Selon quels critères, quelles conventions, quels principes ? À partir de quelles croyances, en fonction de quelles stratégies ? Quels intérêts se trouvent par là menacés ou au contraire ménagés ? Tel est l’ensemble de problèmes que nous nous attacherons à démêler.